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6/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles

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Message par Nabil Sam 27 Avr - 21:38



6/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles

Premier Quart ( 1 / 4)
Début : 00 min --- Fin : 15 min





Juin 1958, enlisé depuis 4 ans dans la guerre d'Algérie dans la France se lasse, la IVème république s'effondre, rappelle De Gaules comme un sauveur, les solutions successives qu'il propose du : Je vous ai compris du juin 1958 à l'Algérie algérienne de juin 1960 en passant par xxx et l'autodétermination ont fait long feu.


Et je le crois, c'était déjà levé, vive la république, vive la France ! Alors par referendum le 08 janvier 1961, le Général obtient plein pouvoir pour faire la paix, ni le putsch des généraux ni les fureurs meurtrières de l'OAS (Organisation armée secrète) ne l'arrêterons plus.


En mars 1962 après de laborieuses prémices, des pourparlers s'engagent à Évian entre la France et le FLN, coté français les principaux négociateurs sont les ministres : De Broglie, Joxe et Buron, la délégation du FLN est conduite par Belkacem Krim, la question du Sahara et de ses gisements de pétrole et de gaz naturel où la France a investi d'énormes budgets s'avère le problème le plus épineux.


Le FLN l'a revendiqué, le Sahara dans sa totalité, il n'avait pas beaucoup d'illusions sur la possibilité de l'obtenir et je pense qu'une des erreurs fondamentales de la France a été d'admettre cette position. Le Sahara n'avait jamais été algérien ni avant ni après 1930, ni à aucun des stades de l'histoire de l'Algérie, on a cédé beaucoup trop rapidement à la suite de l'appréciation erronée que les négociateurs d'Évian ont porté sur leurs interlocuteurs et sur leurs chance de négociation. xxx toujours fait prévaloir l'idée qu'il n'y avait aucune espèce de possibilité de réussite de la négociation si on ne cédait pas sur tous les points.


Xxx qui joua un rôle actif dans la négociation d'Évian était tout à fait exagérément pressé d'aboutir, le Général l'était aussi, mais on lui a donné très vigoureusement l'impression que c'était une des clés de la réussite de la négociation, alors que d'autres possibilités s'ouvraient, que même un certain nombre de pays riverains du Sahara avaient manifesté tout à fait ouvertement leur préférence pour l'une autre solution : une espèce de condominium Franco-africain sur l'ensemble saharien facilitant l'ensemble du développement de cette partie de l'Afrique, ce qui aura en même temps permis à la France de conserver des sources pétrolières à l'origine de la découverte desquelles elle l'était indirectement.


Je n'ai jamais très bien compris comment pouvait marcher une unité économique qui était travaillée par des forces aussi centrifuges, beaucoup de solutions ont été apportées, même les militaires nous ont apporté un projet des militaires, un projet de sortie par avion, c'était inimaginable , pour exporter du pétrole il faut un port, or le Sahara algérien n'a pas d'autres ports que ceux d'Algérie, et à partir du moment où le Sahara n'avait pas d'issue sur la mer, la souveraineté d'Alger sur le Sahara, à mon avis ne pouvait pas durablement être mise en cause.


Toujours est t-il que De Gaules et son gouvernement pressés, certains disent manipulés par les négociateurs d'Évian cèdent sur toute la ligne, l'accord est signé le 18 mars 1962, le lendemain le cessez-feu est proclamé, l'Algérie a obtenu pleine souveraineté sur le Sahara et ses richesses moyennant quelques garanties relatives au pétrole qui seront bientôt oubliées.


Le traité d'Évian maintient quoi que la souveraineté algérienne des droits français et même les droits de certains de nos associés au Sahara, un traité postérieur négocié par Olivier Wormser qui était Directeur des affaires économiques au Quai d'Orsay, a modifié notre présence en Algérie en créant une association coopérative avec la société algérienne et jusqu'à 1971 nous avons pu exploiter dans le cadre de ce traité.


Après l'indépendance de l'Algérie nous nous sommes retrouvés en possession de plusieurs sociétés françaises, les unes assez grosses comme la Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine, d'autres plus petites, chacune d'entre elles était incapable de figurer internationalement, en outre des rivalités injustifiées stérilisait une partie de l'activité des dirigeants, mais avait comme même un potentiel d'hommes tout à fait remarquable, tout à fait compétent, un potentiel de matériel qui peut être utilisé en recombinant tout cet ensemble en lui donnant de l'homogénéité, on pouvait en faire une des premières compagnies mondiales, j'ai donc proposer au président Pompidou en septembre 1964 de procéder à cette opération qui a débouché sur la création du groupe Elf, et le premier janvier 1966 le groupe Elf a été créé, Pierre Guillaumat en a été nommé Président.


Il était le seul homme qui pouvait fédérer cet ensemble humain de premier ordre à cette époque, la Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine qui disposait de gisements et qui avait un énorme cash-flow s'était déjà organisée en société de plein exercice, et dans la première forme que nous avons donné au groupe Elf, nous lui avons laissé sa personnalité et nous nous sommes attachés surtout à fusionner tout le reste du dispositif, tout en ménageant un rapprochement progressif qui a été achevé lorsque le groupe Elf a pris sa forme actuelle en 1975/1976.


Au début des années 60, une industrie pétrolière italienne vit des moments difficiles du fait de la fermeture du canal de Suez et l'arrêt de production en Iraq, trouver assez de brut pour faire tourner les gigantesques raffineries et le réseau de distribution international dont il a doté l'Italie, devient l'obsession permanente de Enrico Mattei, pour s'en procurer il va en pleine guerre froide braver le bloc occidental et traiter avec les soviétiques.


L'incident du pétrole russe a éclaté dans les années 60, il s'est déclenché en 1959, puis s'est poursuivi avec des rebondissements de plus en plus grotesques jusqu'à fin 60, les soviétiques s'efforçaient alors à prendre pied sur le marché européen, et offraient du pétrole à des prix beaucoup plus bas que les autres pays producteurs, Mattei qui en manquait dramatiquement et qui nourrissait de nouveaux plans de développement pour ses entreprises, trouva tout à fait logique d'en acheter aux conditions les plus avantageuses, l'affaire présentait un autre intérêt, les soviétiques acceptaient d'expédier des flux de pétrole à bas prix et d'acheter en échange une impressionnante quantité de biens de consommation et d'usines clés en main, l'offre était trop belle pour être refusée.


Mattei disait : On m'accuse de mener moi la politique étrangère de l'État italien mais je suis obligé à le faire car on fait pas une politique étrangère, il se déclarait un serviteur de l'État même si son action n'était pas l'action d'un serviteur de l'État, il y avait une énorme contradiction entre ce qu'il disait et ce qu'il faisait.


Son contrat avec les russes provoqua une vraie levée de bouclier dans les pays occidentaux, Mattei a du affronter une opposition politique extrêmement dure et fût accusé de miner l'unité du bloc occidental, il fût obligé de faire face à une cascade de procès intentés par l'OTAN et par l'OCDE à Paris contre ce contrat, parce que on le cataloguait comme un homme de gauche et parce que l'Italie était alors considérée comme le maillon faible du système de défense sud européen de l'OTAN, cette hostilité représentait pour lui une menace qu'il ne pouvait pas traiter à la légère, Mattei pourtant surmonta habillement cette crise parce que dans les structures politiques italiennes, il occupait une situation inexpiable dont plus ne pouvait plus le déboulonner.


Pour les italiens, il est devenu un héros national, à la fois parce qu'il baisse le prix du carburant et ose défier directement les sept sœurs.


Enrico Mattei est devenu la bête noire des grandes compagnies, d'abord parce qu'il écoulait du pétrole soviétique acheté en dessous du prix, ensuite parce qu'il les concurrençait auprès des arabes avec des contrats plus avantageux.


Sur les marchés d'Europe que la Standard Oil s'est forcé de dominer en pratiquant des baisses, Mattei lui cassait le travail par son pétrole russe meilleur marché.


Il nous a fait perdre bien des affaires à nous et aux autres compagnies avec son pétrole soviétique, il pratiquait un vrai dumping.


Il construisait des stations services que les compagnies n'avaient pas besoin d'avoir, et il fallait montrer que la Compagnie Nationale Italienne était meilleure que les autres, et ça a coôté aux concurrents beaucoup d'argent parce qu'ils devaient la suivre.


Avec tous ces mauvais tours, Mattei leur a coûté près d'un milliard de dollars, tout ça parce qu'ils avaient renié leurs promesses et les avait évincé des accords signés en Iran.


Pour tenter de neutraliser ce gêneur, et le véritable État dans l'État dans l'Italie, les services secrets étrangers mais aussi les agents des sept sœurs mènent contre Mattei une virulente compagne de désinformation dans la presse à scandale, on l'accuse de partager les faveurs xxx de 200 000 lires la nuit avec ses amis de la démocratie chrétienne.


Le scandale de Mattei n'a jamais eu lieu, parce qu'il était trop circonspect (prévoyant et prudent), il aimait les femmes, mais sa vie privée était saine, il ne dépensait pas d'argent et il vivait très simplement.


Les services secrets pas seulement des États mais des compagnies... des grandes compagnies industrielles, n'auraient rien appris sur la vie privée de Mattei qui pouvait compromettre sa bonne réputation.


Son seul vice est la pêche à la truite, faute d'avoir pu le piéger, les américains s'avouent enfin vaincus, ils l'ont alors invité aux États-Unis pour discuter et tenter d'aboutir à un accord, Mattei commençait à mette sur pied avec Exxon un contrat autrement plus important que celui qui le liait avec les soviétiques, et pour le mener à bonne fin, il projeta une visite aux États-Unis au cours de laquelle il devait être fait docteur honoris causa et surtout rencontrer John Kennedy, cet arrangement était pratiquement conclu avec Exxon, c'est si vrai qu'il a été signé sans problème après la mort de Mattei, ce qui prouve qu'il ne subsistait plus de différend entre lui et les américains.


Le 27 octobre 1962 peu avant son départ pour les États-Unis, Mattei décolle à bord de son avion personnel pour une brève inspection en Sicile, William McHaleHale, la météo est détestable mais son pilote, le major Bertuzzi, est un as, à 18h55 alors qu'il descend vers la piste de Milan, son Morane Saulnier décroche inexplicablement, s'écrase au sol, ses trois occupants sont tués. un reporter américain l'accompagne, sa tournée est triomphale, le lendemain Mattei repart pour Milan toujours avec


On a fait une série d'hypothèses et de suppositions, des hommes politiques ont fait des déclarations claires sur leur sureté que l'accident de Mattei était un sabotage.


La loi italienne a institué une commission de l'aéronautique qui procède à une minutieuse enquête sur tout accident aérien à partir de la reconstitution débris par débris de l'avion sinistré, ça était fait dans le cas de Mattei, j'ai lu le rapport officiel qui concluait à l'impossibilité de déterminer les causes réelles de l'accident, l'avion de Mattei a percuté le sol alors que ses moteurs tournaient à plein régime, une panne du moteur est donc à écarter, en fait la commission a conclu à un accident due à une cause inconnue, car elle est formelle, elle n'a pas pu déceler la moindre trace d'un sabotage.


Il parait que l'avion soit resté quelques minutes sans surveillance sur la piste de l'aéroport de Catane, le pilote personnel de Mattei a été appelé au téléphone, il y avait personne et il parait que pendant ces 2 ou 3 minutes il y avait quelqu'un en uniforme des lieutenants de la police avec deux mécanos s'approcher de Morane Saulnier de Mattei et ont provoqué un mécanisme de sabotage mais il parait...


A qui pouvait servir la mort de Mattei à cette époque là ? D'après moi surement pas aux multinationales, à supposer que les multinationales n'ont jamais mené une politique aussi hasardeuse, ce qui reste à prouver.


Il n'y avait pas de raisons particulières à ce moment là pour vouloir la mort de Mattei, mais d'après monsieur xxx par exemple, c'est les services secrets français qui ont organisé le sabotage, ça c'est qui le dit et qu'il écrit, il l'a dit dans mon film, et il l'a écrit dans le livre.

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6/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles Empty 6/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles (2/4)

Message par Nabil Sam 27 Avr - 21:47


6/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles

Deuxième Quart ( 2 / 4)
Début : 15 min --- Fin : 30 min



En Italie on a beaucoup soupçonné des survivants l’OAS et de l’extrême droite française d’Algérie, encore qu’il me semble qu’il était bien tard pour agir fin 62 alors que la guerre était terminée, si l’OAS avait assassiné Mattei une année plus tôt, cet attentat aurais eu une signification politique, plus que Mattei était accusé de soutenir le FLN, mais fin 1962 ça ne signifiait plus rien.


Hypothèse non négligeable : la Mafia, elle haïssait Mattei dont les initiatives sociales en Sicile sapaient son emprise sur les classes défavorisées, jamais le mystère de sa mort ne sera élucidé.


Mattei laissait une compagnie pétrolière internationale bâtie de toutes pièces en peu d’années contre l’opposition de tous.


À l’aube des années soixante, le parc automobile mondial compte plus de 100 millions de voitures, avec les avions, elles brulent 300 millions de tonnes d’essence par an, ceci n’inclut ni le fioul ni le pétrole qui sert à la fabrication du plastique , du tissu synthétique ou des engrais.


À cette époque 70 pays dans le monde produisent du pétrole, mais 13 d’entre eux assurent à eux seuls la moitié de la consommation du globe, la plupart de ces pays sont arabes, désertiques et sous développés, ils dépendent totalement de l’extérieur pour leurs approvisionnements, or l’inflation engendrée par la prospérité fait grimper les prix, tous les prix sauf un : celui du pétrole brut, au milieu de la flambée générale il n’a pas bougé depuis 10 ans.


Du pétrole il y en a trop, les compagnies pétrolières se font une concurrence sauvage, les États-Unis ont interdit toute importation de brut à des prix de dumping, alors ce pétrole à bas prix engorge les marchés non américains, les cours s’effondrent.


Les compagnies se retrouvaient en face de marché pétroliers où les prix étaient en baisse et elles ont pensé que cela justifiait une réduction du prix affiché et donc du revenu par baril attribuable aux pays producteurs.


Pour ceux ci, ce prix affiché sur lequel se calcule les taxes et les redevances qu’ils perçoivent, a quelque chose d’intangible, et voici qu’en février 1959 la Standard Oil of New Jersey, membre de l’ARAMCO, décide de sa seule initiative de diminuer de 18 ¢ (cents) le prix affiché alors fixé à 2 dollars le baril environ, et en avril imitée par ses partenaires, elle impose une nouvelle baisse de 14 ¢, mais les compagnies se gardent bien de faire profiter les consommateurs de ces baisses qu’elles imposent aux arabes, à la pompe l’essence reste au même prix, ce sont les sociétés pétrolières et elles seules qui empochent tout le bénéfice.


Elles ont décidé ces baisses uniquement pour maintenir leurs profits, appauvrissant tous les pays producteurs du Moyen Orient en une seule nuit, pour les États arabes comme pour l’Iran, il n’était pas question d’accepter ce genre de décision unilatérale, l’impudent Diktat des compagnies a achevé de leur faire prendre conscience de ce que les revenus de leurs pays dépendaient totalement des sept sœurs, quelques compagnies bien qu’elles que soient alignées sur la décision d’Esso, ont réalisé combien celle-ci était dangereuse, BP notamment et même certains dirigeants d’Esso ont tiré le signal d’alarme.


Ces réductions de prix ont ulcéré les pays producteurs parce que dans l’un comme dans l’autre cas, elles ont été décidées sans qu’ils ne soit consultés préalablement sans même qu’ils n’en soient avisés.


C’est exact, ils n’ont pas été consultés, mais ils connaissaient la situation du marché, donc notre décision n’a surement pas pu réellement les surprendre.



Ça était un choc, parce que nous dépendions à presque 100% des revenus de notre pétrole, et qu’au lieu de voir ces revenus augmenter, ce qui était normal compte tenu de l’inflation et bien d’autres causes, ils ont été au contraire amputés par la simple décision de gens qui ne se basaient pas sur l’équité mais sur leur seul bon plaisir.


Les compagnies pétrolières jusqu’à cette époque, agissaient toujours d’une façon corollaire, les pays producteurs étaient des pays sous développés, étant donné le contexte politique, contexte économique, elles pouvaient déterminer unilatéralement les termes de l’échange.


Longtemps nous n’avons pas protesté, mais là nous avions perdu patience, tous les pays ayant le même intérêt se sont associés.


Dés 1945, le Venezuela et l’Iran avaient fait des approches à d’autres pays pétroliers pour la formation d’une organisation des pays producteurs, pour des raisons diverses, ils n’avaient pas réussi, le Venezuela avait peur de la compétition des nouveaux producteurs du Moyen Orient.


Au moment même où les sept sœurs baissent le prix du brut au Moyen Orient, le Venezuela lui, vient à porter à 65 % l’impôt que lui paye les compagnies étrangères pour son pétrole, dés lors celui-ci coûte beaucoup plus cher que le pétrole arabe.


Le Venezuela a réalisé que les bas prix de la production pétrolière au Moyen Orient allaient mettre son propre pétrole hors course, il fallait convaincre les arabes de prendre en main le contrôle de leurs prix pour que le Venezuela reste compétitif.


Aussi le ministre du pétrole vénézuélien Perez Alfonso va-t-il s’employer à créer un front commun des pays producteurs.


Le premier gouvernement vénézuélien dont il avait été membre de 1945 à 1948, avait été renversé grâce à l’intervention occulte des compagnies pétrolières agissant en accord avec le gouvernement des États-Unis, celui-ci soutenait l’armée du Venezuela entièrement dominée par l’extrême droite qui voulait balayer le gouvernement démocratiquement élu, après la révolution de 1958, Perez Alfonso revenu au gouvernement à la faveur de nouvelles élections démocratiques, s’est avant tout préoccupé non pas de fixer le prix du pétrole ou les revenus qu’il devait produire mais de créer un contre pouvoir pour luter contre la toute puissance des multinationales du pétrole dans leurs rapports avec les producteurs du tiers monde, principalement ceux du Moyen Orient.


Sitôt informé des remous provoqués par la baisse unilatérale des prix du brut saoudien, Perez Alfonso se précipite au Moyen Orient, il propose aux pays arabes la constitution d’un front commun des producteurs, Tariki ministre saoudien du pétrole l’appuie inconditionnellement, il haie viscéralement l’ARAMCO où il a représenté son gouvernement.


Tariki a compris que pour un pays sous développé, le pétrole est la seule base de la richesse nationale, qu’une indépendance économique véritable implique un contrôle total du gouvernement sur cette ressource qui est la seule ressource nationale et d’avantage que sans cette indépendance économique il n’y avait pas d’indépendance politique de l’État.


Tariki considérait tous les anglais et les américains comme des coquins (Bandits ou escrocs) qui exploitaient honteusement les arabes, il disait : le Moyen Orient est une vache à lait, dont la tête est au Moyen Orient et les mamelles aux États-Unis, à Londres et à paris où les pétroliers l’attraient de son pétrole, il faut y mettre fin.


Le 15 septembre 1960 sous la présidence de Tariki, les ministres de pétrole d’Iraq, d’Iran, du Koweït, d’Arabie saoudite et du Venezuela tiennent un congres extraordinaire à Bagdad et fondent l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole : l’OPEP, au départ les revendications de l’OPEP sont modérées, ses membres souhaitent seulement que le prix du baril soit maintenu et ne puissent plus être modifié sans l’accord du pays producteur intéressé.


Les compagnies ont sous estimé les interlocuteurs qui s’opposaient à leurs politiques, disons qu’ils ont livré des combats d’arrière garde pour prolonger la situation qui existait le plus longtemps possible.


Elles ont même refusé de reconnaître l’OPEP, je me souviens qu’au début des années 60, nous avons souhaité négocié avec elles, elles ont refusé de traiter avec l’OPEP.


Les compagnies formant l’ARAMCO n’avaient qu’une politique envers l’OPEP : l’ignorer en espérant le voir disparaitre.


Pas question de pouvoir négocier globalement, nous sommes liés individuellement avec chaque gouvernement.


À l’origine, la politique des compagnies était de rejeter l’OPEP dans son ensemble, et de traiter séparément avec chacun de ses membres, mais cette attitude a en fait renforcé l’OPEP, ses membres ont compris que le meilleur moyen de s’imposer aux compagnies était de faire bloc et de donner le maximum de pouvoir à l’OPEP.


Le 20 octobre 1960, s’ouvre à Beyrouth un congrès arabe du pétrole, les multinationales anglo-saxonnes ont accepté d’y participer que si l’OPEP n’y figurait pas Es Qualités, Tariki les attaquent en public, les accusent de truquer leurs comptes, de tricher sur leur prix de revient et de transport de pétrole, en 7 ans ces compagnies auraient accumulé 5,5 milliards $ de profits occultes dont la moitié doit revenir aux pays producteurs, il les défient de produire leurs vraies comptabilités, c’est une bombe.


Les représentants des compagnies pétrolières étaient assis en face de lui, complètement abasourdi et en proie à un cruel dilemme, s’ils répondaient ils l’allaient l’exciter encore plus, ils restèrent cois ( silencieux), Tariki les accablait d’accusations outrageantes, qui exaltait la fierté arabe, il est le premier qui ose clamer publiquement : l’ARAMCO nous vole notre pétrole, les multinationales nous exploitent, le pétrole est chez nous mais pour en acheter, il faut courir à New York, c’est inadmissible, tout se règle à New York, alors tout devrait se traiter en Arabie, c’est à nous de vendre notre pétrole, pas à des étrangers.


Tariki a continué ainsi des heures, il a accusé l’ARAMCO de ne pas avoir payer ce qu’elle devait payer au gouvernement saoudien, d’après lui ça représentait des centaines de millions de dollars de taxes, que l’ARAMCO avait escamoté, au Moyen Orient, si vous êtes accusé et si vous vous taisez, votre silence équivaut à un aveu de culpabilité, plusieurs représentants de l’ARAMCO se décidèrent donc à répondre, ce fût un dialogue de sourds, la situation était intenable, à Beyrouth l’Assemblée était truffée d’arabes ultra nationalistes, y défendre une multinationale de pétrole n’était ni très aisé ni très populaire.


Pourtant les grandes sociétés pétrolières réussirent à dissimuler leurs bénéfices réels, ou allaient ventiler d’un poste à l’autre pour les camoufler, ceci a toujours rendu difficile le contrôle des comptes des compagnies pétrolières, de savants jeux d’écritures masquent leur profits et les postes sur lesquels ils se réalisent.


À l’époque, les prix pétroliers s’effondreraient, chacun s’efforçait de maintenir son chiffre d’affaires en n’en faisant pas payer le prix de transport ou encore en trichant sur tout en accordant des ristournes, et tout cela se déduisait des prix fixés par contrat.


Sur le fond, Tariki n’avait pas tort, mais il a exagéré , ses attaques sont devenues délibérées.


Par mal chance, son protecteur, le roi Saoud d’Arabie est aux abois malgré les 350 millions $ annuels que lui verse l’ARAMCO, 5000 princes et courtisans vivent fastueusement à ses crochets, et jaloux du prestige de Nasser, Saoud subventionne les syriens pour l’en détacher, à sa cour règne xxx et corruption.


Lui même donne l’exemple en acceptant en sous mains : 14 millions $ de l’armateur grec Onassis, celui-ci qui s’est crée une imposante flotte pétrolière veut s’assurer le monopole du transport du pétrole saoudien.


Le contrat était rédigé dans des termes tel que durant des années, nul sauf Onassis ne pouvais plus charger de pétrole en Arabie saoudite.


Ce que on appelé le contrat Onassis et qui organisait avec les saoudiens l’enlèvement de leur brut, a été considéré par les gens de l’ARAMCO comme une violation flagrante des accords que eux même ont signé avec le gouvernement saoudien.


Par-dessus le marché, ce contrat était préjudiciable aux intérêts du gouvernement saoudien, ce que beaucoup n’ont pas compris à l’époque, il donnait en effet à Onassis les moyens d’étrangler la production pétrolière saoudienne.


Au terme de négociations intensives, un tribunal d’arbitrage a donné gain de cause à l’ARAMCO.


Furieux, Tariki partisan d’Onassis, exige dorénavant 75% des profits de l’ARAMCO plus la moitié des revenus que celle-ci tire de l’exploitation de la Tapline, et il réclame immédiatement 80 millions $.


Entre temps l’OPEP a installé son siège à Genève, c’est là qu’elle tient sa première conférence officielle le 14 mai 1961, et choisit son premier Secrétaire Général, contre toute attente ce n’est pas Tariki qui est élu, il est devenu trop gênant.


Ultranationaliste, c’était un fervent admirateur de Nasser, ce qui irritait son propre gouvernement.


Il y allait trop fort, non seulement il était en bagarre avec les grandes compagnies pétrolières et les gouvernements occidentaux, mais aussi avec son propre gouvernement.


La politique de Saoud s’avèrait désastreuse, le roi qui gaspille l’argent avait ruiné le royaume, ses initiatives en faisaient la risée (objet de moquerie ) du monde entier, le conseil des anciens qui influence les décisions au sein de la famille royale saoudienne, estimant que Saoud devait partir, a pressé son frère le prince Fayçal de prendre le pouvoir.


Fayçal revient aux affaires mais il imposa Saoud un programme d’austérité et l’éviction de Tariki.



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Message par Nabil Sam 27 Avr - 21:53




6/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles

Troisième Quart ( 3 / 4)
Début : 30 min --- Fin : 45 min






Tariki fut expulsé du pays par Fayçal qui était son ennemi juré, Fayçal possédait des enregistrements de conseil de cabinet, où Tariki l’accusait d’avoir autorisé son beau-frère à recevoir des pots de vin des japonais, Fayçal considérait Tariki comme déloyal envers son gouvernement.


Fayçal nomme aussitôt un nouveau ministre de pétrole, le Sheikh Zaki Yamani.


Yamani était un juriste islamique réputé, il s’avérait beaucoup plus dangereux pour les compagnies pétrolières que Tariki, résolu, concret, il allait au cœur des problèmes, mais il était plus facile de négocier avec lui, avec Yamani on peut discuter, avec Tariki c’était impossible, ça tournait toujours mal.


Il voulait que nous prenions le contrôle réel de nos ressources par la manière forte en expulsant les compagnies, personnellement j’estime que nous avons besoin d’elles, mais il nous fallait nous structurer et ça ne se fait pas dans un jour, ça prend du temps.


Yamani a obtenu en douceur tout ce que Tariki exigeait, mais sans encourir le sentiment que Tariki provoquait.


Le premier succès décisif de Yamani va être d’amener par ruse l’ARAMCO de négocier avec l’OPEP.


Nous avons décidé que l’Arabie Saoudite négocierais en fait pour l’ensemble de l’OPEP, j’ai constitué la délégation chargée des pourparlers, et j’y ai fait entrer secrètement des ressortissants des autres pays arabes qui ont siégé parmi la délégation saoudienne.


Nous ne pouvions récuser personne dans leurs délégation, ils représentaient une puissance souveraine et dés lors que nous signions un accord avec tel pays, il était difficile ne pas signer le même avec les autres.


Voila comment nous avons forcé les compagnies à traiter avec l’OPEP, mais elles ne l’ont pas reconnu pour autant.


Je ne crois pas que les multinationales pétrolières aient eu intérêt à briser le pouvoir naissant de l’OPEP, elles ont estimé préférable de rester en bonnes termes avec l’organisation, elles tenaient par-dessus tout de préserver leurs sources de pétrole brut, par contre certains gouvernements, dont le gouvernement américain, se sont efforcés dés le début à faire éclater l’OPEP.


La tentative de pression la plus apparente a été le détachement de l’Iran du bloc solidaire des pays producteurs lors des discussions de 1961 et qui ont suivi.


Dans les débuts de l’OPEP, durant les années 60, l’Iran était dirigé par une poing de fer, il n’avait pas le même régime que les autres pays membres, et de ce fait, se trouvait souvent en discordance avec eux, c’était le pays qui disait systématiquement non chaque fois qu’une mesure était proposée contre les compagnies.


La position du shah au sein de l’OPEP a toujours était extrêmement difficile, d’abord il n’était pas arabe, ensuite la production pétrolière de l’Iran faisait concurrence à celle de l’Arabie Saoudite, en fait c’est le comportement sans scrupule des compagnies pétrolières qui a poussé le shah à entrer dans l’OPEP.


Le shah qui compte sur les revenus du pétrole pour faire de son pays des premières puissances industrielles de l’an 2000, se sert de l’OPEP comme cheval de bataille, contre les compagnies.


Au cinq pays fondateurs : le Venezuela, l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Iraq et le Koweït, se sont rallié : le Qatar en janvier 1961, la Libye en avril 1962 ainsi que l’Indonésie.


En 1967 c’est le tour d’Abu Dhabi, en 68 des Émirats Arabes Unis, en juillet 69 l’Algérie entre dans l’OPEP, suivi du Nigeria en juillet 71, de l’Équateur en novembre 73 et enfin du Gabon en 75.


Une fois formé, l’OPEP se posa en contre pouvoir vis-à-vis des compagnies, mais elle du aussi compter de plus en plus avec le nationalisme arabe.


Nous avons tous le même intérêt commun, c’est le pétrole, et dans toute la mesure du possible, nous nous efforçons de limiter strictement à ce qui concerne cette activité, sans nous laisser guider par des considérations politiques, il n’en reste pas moins que ce contexte politique existe, et qu’il nous pose des problèmes dans la définition de notre politique pétrolière.


En 1965, le siège de l’OPEP est transféré à Viennes, durant 2 ans, en application des statuts, les conférences vont se succéder de 6 mois en 6 mois, dans l’indifférence générale et sans résultats majeurs, 1967 va mettre fin à cette routine.


Le 05 juin, l’Égypte, La Syrie, la Jordanie attaquent Israël par surprise, ce sera une guerre éclair, 6 jours plus tard, le conflit s’appellera la guerre des 6 jours, les 3 agresseurs sont écrasés par l’armée israélienne..


Dans tous les pays arabes, le contre coup de cette défaite est terrible, et déchaine la fureur populaire, Nasser accuse les États-Unis, la RFA et la Grande Bretagne d’armer Israël, il ferme à nouveau le Canal de Suez, les armées des pays arabes de l’OPEP occupent les installations pétrolières, et mettent l’embargo sur le pétrole destiné aux pays complices d’Israël.


En Arabie Saoudite, l’ARAMCO compagnie américaine, se trouve en posture délicate, les troupes saoudiennes ont investi ses installations.


Il n’était évidement pas question pour nous de léser les intérêts américains, mais nous devions éviter tout ce qui peut servir de prétexte à notre expulsion d’Arabie, l’ARAMCO était une compagnie privée opérant dans un pays étranger, elle ne pouvait compter sur la force les baïonnettes, les baïonnettes elles étaient de l’autre coté, nous avons fait ce que on nous ordonnait, ça était la seule position de l’ARAMCO.


Elles étaient coincées entre le monde arabe et le lobby juif aux États-Unis, les compagnies américaines malheureusement, n’ont pas toujours défendu comme elles l’auraient dû, les véritables intérêts des États-Unis, elles nous ont profondément mécontenté tout en se mettant aussi à dos le lobby juif.


Il est très difficile de maintenir un embargo réellement efficace, les pays visés trouvent 100 façons pour le détourner, et trop de gens ont avantage à les y aider pour leur profit personnel, comme d’autres pays arabes, l’Iraq n’a pas appliqué l’embargo, elle a fait exactement l’inverse, il a augmenté sa production au maximum, et vendait tout le pétrole qu’il pouvait.


Du fait de sa situation géographique, le Venezuela a forcement bénéficié, qu’il l’a voulu ou non, des événements et de la pénurie qui se produisait en Moyen Orient.


Bien que musulman, l’Iran ne respectera pas l’embargo, mais va au contraire augmenter ses livraisons aux pays touchés.


Les relations entre le Shah d’Iran et Nasser étaient très mauvaises, l’Iran n’est pas pays arabe, le Shah d’Iran à cette époque ne poursuivait pas une politique pro arabe en 67, et n’avait aucune raison de cette solidarité.


Tout en défendant les intérêts des palestiniens, il ne veut pas se mêler de ce conflit entre les arabes et les iraniens.


L’Iran n’était pas notre ennemi, mais il soutenait nos pires ennemis et coopérait avec eux.


Tout au long des années, le shah d’Iran président destiné de ce grand pays, ……..nous n’avons plus de raison de ne pas faire savoir que depuis de très nombreuses années une partie de l’approvisionnement en pétrole d’Israël venait de l’Iran.


Toute réduction de production des pays arabes, était compensée par l’augmentation de la production ailleurs, l’embargo n’avait aucun effet.


C’est cet échec total que sont forcés d’enregistrer les chefs des pays musulmans producteurs de pétrole réunis à Khartoum le 29 aout 1967, l’embargo se solde par un désastre économique, à elle seule l’Arabie saoudite a perdu 30 millions $ en manque à gagner, le Koweït un million par jour, les caisses sont vides, l’embargo est levé le 13 octobre, il a duré 5 mois, les pays arabes créent leur propre organisation au sein de l’OPEP : l’OPAEP Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole.


L’OPAEP, historiquement parlant, a été crée par 3 pays producteurs arabes très conservateurs : la Libye, l’Arabie saoudite et le Koweït, leur initiative constituait surtout une réaction contre les pressions politiques qu’ils avaient à subir de la part des autres pays arabes et les incitait à utiliser le pétrole comme arme politique.


L’OPAEP de par ses statuts, est liée par les décisions prises par l’OPEP, toute résolution de l’OPEP quelle qu’elle soit, doit être appliquée par tous les membres de l’OPAEP, qu’ils soient ou non eux même membres de l’OPEP, l’OPEP a été une force positive mais presque totalement inefficace jusqu’au début des années 70.


Elle a pu enrayer la diminution des revenus pétroliers de ses États membres, mais elle n’a pas réussi à les accroitre valablement, jusqu’au début de 1970.


Les événements qui surviennent en Libye cette année là vont mettre l’OPEP en position de jouer un rôle déterminant sur le marché pétrolier mondial.


Le 1er septembre 1970 alors que Idriss 1er a quitté Tripoli pour un séjour en Turquie, la révolution éclate en Libye, force le vieux roi à se refugier à Athènes, un groupe de jeunes officiers libyens intégristes, écœurés de la corruption du régime, a soulevé l’armée, à leur tête un musulman fanatique : le major Mouammar Kadhafi.


Les révoltés accusent Idriss d’avoir bradé le pétrole libyen aux étrangers et proclament la république.


Porté au pouvoir, Kadhafi commence par expulser les américains de Wheelus leur plus grande base aérienne en Afrique du nord, mais il rassure les compagnies pétrolières installées en Libye, jure solennellement qu’il ne touchera pas à leurs concessions, fausse promesse déjà, il va s’empresser d’oublier.


Le président Kadhafi était résolu à briser le monopole des 7 sœurs, il voulait abaisser le coût de production du pétrole libyen pour rendre compétitif avec celui des autres pays producteurs sur le marché européen.


L’un de ses premiers objectifs est la British Petroleum, symbole de la domination anglaise sur la Libye.


Pour empêcher les anglais de le boycotter et de faire appel contre lui une fois de plus à la solidarité des autres multinationales pétrolières en Amérique et ailleurs, Kadhafi opéra d’une façon très astucieuse : il convoqua Bunker Hunt, un pétrolier texan qui possédait une vaste concession en Libye et le prévint : si vous voulez conservez votre affaire ici, et continuer à extraire du pétrole, persuadez les autres pétroliers américains de ne pas nous boycotter, ainsi en garantissant un certain xxx concession il préparait l’éjection des anglais.


Pour contraindre les sociétés implantées en Libye à accepter ses conditions, Kadhafi les attaquent en ordre dispersé, il convoque l’américain Hammer dont l’Occidental Petroleum a pompé cette année là 240 millions de barils en Libye, Kadhafi exige 40 ¢ ( cents) de plus par baril, Hammer cède, Exxon lui a refusé son appui pour tenir tête aux libyens, satisfait, Kadhafi accorde de nouvelles concessions à Hammer en compensation.


En donnant à de petites compagnies pétrolières indépendantes et particulièrement à l’Occidental d’Armand Hammer, les moyens de tenir tête en Libye aux multinationales, Kadhafi a réellement commencé à démanteler le cartel, en recevant de nouvelles concessions en Libye pour prix de sa docilité, Hammer met en position fâcheuse les 7 sœurs qui ne pouvaient le neutraliser parce que Kadhafi le protégeait, et celui-ci se servait de Hammer pour miner à la fois, la puissance des pays arabes et celles des grandes compagnies pétrolières.


L’action du libyen nous n’a pas rendu plus forts, mais elle a mené les compagnies pétrolières à se dire : nous ne pouvons pas nous battre contre tout le monde, essayons de trouver ailleurs un terrain d’entente.


Les multinationales du pétrole y sont d’autant plus enclines que le sort s’acharne contre elles.


Le 03 mai 1970, un accident détruit la Tapline qui achemine le pétrole saoudien jusqu’à la méditerranée, or le Canal de Suez est toujours fermé, et il y a pénurie de pétroliers géants pour ramener le brut Arabo-iranien jusqu’aux raffineries occidentales en contournant toute l’Afrique, la Libye et l’Algérie qui ont un accès direct à la méditerranée, en profitent pour hausser le prix de leurs bruts, mais les autres pays producteurs s’alignent tout aussitôt.


Encouragé par la victoire de Kadhafi sur les grandes compagnies et par les signes avant coureurs d’une pénurie de pétrole, l’OPEP se sent le vent en poulpe, à Caracas, fin 70, elle impose à ses membres de taxer désormais les compagnies à 55% minimum, interdit tout rabais et préconise une hausse générale.


Les pays de l’OPEP avaient commencé à revendiquer une participation dans le capital des compagnies qui opéraient sur leurs territoires.


La participation était l’un des objectifs depuis mon arrivée au ministère de pétrole, nous avions tout programmé bien avant que la guerre nous ne donne l’occasion d’agir.

Nabil
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6/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles Empty 6/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles (4/4)

Message par Nabil Sam 27 Avr - 21:59


6/8 - L'histoire secrète du pétrole - Le temps des magouilles

Quatrième Quart ( 4 / 4)
Début : 45 min --- Fin : 60 min






Les grandes sociétés pétrolières dés leurs premières difficultés en Libye, réalisèrent qu'elles étaient menacées d'une totale remise en question de leurs droits, il leur fallait faire bloc, cesser de se livrer entre elle à la guerre des rabais, et se concurrencer au risque de provoquer une rupture du cartel, elles font une réunion au Quartier Général de BP, et constituèrent un groupe de défense, ceci obligea les sociétés américaines à requérir une dispense spéciale du département anti trust à Washington, comme jadis en Iran, le département anti trust donna carte blanche aux intérêts des grandes compagnies pétrolières.


23 multinationales du pétrole dont les 7 sœurs, font alors un état major de crise : le London Policy Group, chargé de contrer l'OPEP lors de la conférence qui en janvier 1971 à Téhéran, mettra face à face, pays producteurs et pays consommateurs de pétrole, chacun des intéressés s'engage à ne signer aucun accord séparé avec la Libye, se sera tous pour un, un pour tous, l'âme de ce lobby pétrolier, le plus puissant qui a jamais existé est le juriste américain McCloy.


Le 28 janvier 1971 à Téhéran, sous la présidence de Howard Page d'Exxon et xxx président de la British Petroleum, les représentants des 23 plus grandes compagnies pétrolières internationales affrontent le Sheikh Yamani de l'Arabie Saoudite, chef de la délégation des pays producteurs et les ministres de pétrole de l'Iran, d'Iraq, du Koweït, du Qatar et d'Abu Dhabi.


La conférence de Téhéran fût rendu nécessaire parce que les libyens avaient unilatéralement augmenté le prix de l'or brut, les compagnies pétrolières s'efforcèrent alors de trouver avec les pays producteurs et l'OPEP, un ajustement entre les prix libyens et ceux pratiqués dans le Golfe, c'était la première fois que s'ouvraient ce genre de discussions sur les prix.


En 1971, le prix du pétrole tournait autour de 3 $ et le prix de revient était inferieur à 5 ¢, accumuler ce genre de plus value pendant des décennies n'est pas négligeable, le fait de rencontrer dans les 10 plus puissantes sociétés mondiales 8 pétrolières laissent rêver. Certains compagnies en transféré dans leurs compagnies de navigation les profits sur le transport pour diminuer les bases fiscales définies.


Ce fût une tâche quasi insurmontable pour les négociateurs que d'arriver à harmoniser les prix, la production du pétrole comptait 2 fois plus cher aux États-Unis que dans les pays du Golfe.


À Téhéran, les délégués des compagnies doivent céder aux exigences de l'OPEP, l'accord conclu pour 5 ans le 14 février, leur impose une augmentation immédiate du prix du brut de 20 %, plus 20 ¢ ( cents) par baril chaque année, en cinq ans, le baril coûtera 10 fois plus cher passant de 5 ¢ à un demi dollar, de plus une indexation de 2,5% par an compensera l'inflation.


Les arabes avaient retenu la rude leçon que leurs a déjà infligé les compagnies pétrolières anglaises et américaines, à chaque fois qu'un pays arabe exerçait des représailles contre une compagnie, toutes les autres faisaient immédiatement bloc et boycottaient le pétrole de ce pays, alors tous les arabes se sont dit : faisons comme elles ! à chaque fois que nous déciderons de priver une société de pétrole, aucun autre pays producteur ne rompra cet embargo.


Le 24 février 1971 après avoir signé les accords de Téhéran, l'Algérie nationalise à 51% son pétrole, et à 100 % son gaz et ses oléoducs.


J'avais proposé au gouvernement à l'époque de nous retirer bénévolement en négociant notre départ et sans attendre le coup de pied désagréable de la nationalisation, le gouvernement a choisi une autre méthode, mais nous avons pris nos précautions, le pétrole que nous produisions en Algérie, nous le vendions à l'étranger et nous achetions pour ravitailler nos raffineries du pétrole de l'étranger, lorsque les algériens ont arrêté le débit de nos gisements, nos raffineries ont continué à être alimentées.


Si la France était restée présente au Sahara, la prospection aura rapporté des sommes absolument considérables, en 1969 au moment où j'ai quitté les affaires pétrolières, nous avions assez largement récupéré, une part très large de la mise qui a été investie au Sahara, je ne peux pas vous dire c'est au moment où les sociétés françaises ont été nationalisées en Algérie, nous avions obtenu.....


Plus rien ne semble pouvoir contenir l'avidité des pays producteurs du pétrole, le 21 avril 1971 la Libye absente à Téhéran, impose aux 15 compagnies qui achètent son pétrole, le prix de 3,30 $ le baril, aussitôt le Nigeria, l'Arabie saoudite, l'Iraq où l'IPC a repris ses activités, l'imitent, mais en aout, les États-Unis interdisent toute conversion du dollar en or, cette dévaluation déguisée sera officialisée en décembre, tous les états pétroliers s'estiment lésés.


En représailles, les pays de l'OPEP réunis en janvier 1972 à Genève, augmentent le prix du brut de 8,5% et indexent son cours sur 9 monnaies fortes, en mars à Beyrouth, ils se fixent comme objectif immédiat l'obtention d'une participation d'au moins 20% dans le capital des compagnies étrangères qui extraient leurs pétroles.


Mais entre temps, les événements se sont précipités en Iraq, depuis 1968, le parti Baath, ultra nationaliste a conquis le pouvoir, en 1970 son homme fort, Saddam Hussein, fait appel à l'union soviétique pour mettre les nouveaux gisements iraquiens en exploitation, à la vive inquiétude des États-Unis, une nuée de techniciens russes s'installent en Iraq à qui l'union soviétique assure également une aide militaire considérable.


Avec l'URSS, nous avons conclu des accords qui ne laissent pas les intérêts iraquiens, voyez vous, notre politique pétrolière suit le même chemin que notre politique tout court, et nous agissons en fonction de l'attitude des pays vis-à-vis de problème palestinien.


Le 1er juin 1972, l'Iraq ferme les vannes du pipeline de Tripoli et nationalise Brutalement les installations de l'Iraq Petroleum Company.


Annoncé par la télévision, la disparition de l'un des plus puissants consortiums internationaux, déchaîne l'enthousiasme et la xénophobie (l'hostilité à l'égard de la présence des étrangers) populaire.


Xxxx de l'IPC en Iraq constitue un tournant capital, il s'agit en fait d'une transformation radicale, d'un statuquo, d'une situation faite que nous vivons dans cette région depuis 50 ans, et qui s'appelle le régime des concessions, c'est l'exploitation du pétrole arabe par les sociétés concessionnaires étrangères, il est fort possible qu'elles fassent une pression sur l'Iraq pour empêcher de commercialiser son pétrole, mais je crois que il est toujours possible pour l'Iraq de vendre une partie de ce pétrole à des acheteurs indépendants étrangers, éventuellement à la France, au cas où la France saisit la perche que l'Iraq lui a tendue et accepte de prelever la partie qui revenait à la CFP dans l'IPC.


Avec la France, je suis prêt à négocier, car la France a toujours eu une attitude correcte vis-à-vis du problème palestinien.


L'Iraq était complètement pris à la gorge par les majors américains et anglais, d'autre part, la France aussi cherchait les voies de son indépendance en se libérant notamment des intérêts américains et anglais, la convergence des intérêts politiques et économiques des 2 pays, a abouti à l'accord du Sénat de1973 qui donnait un traitement privilégié à la France, la France touchait autant de pétrole que avant la nationalisation, l'Iraq est devenu le premier fournisseur de la CFP, quand la CFP traitait 2 litres de pétrole, il y avait qui venait de l'Iraq, l'Iraq avait besoin d'armes, elle d'un lobby pétrolier iraquien, autour de cette convergence d'intérêts, s'est bâti un réseau extrêmement séré de relations : armes, pétrole, nucléaire entre ces 2 pays.


Les nationalisations en Lybie, en Algérie et en Iraq engendre une réaction en chaîne, le 05 octobre 1972, l'Arabie Saoudite force l'ARAMCO à lui céder 25% de son capital, pour la première fois les saoudiens participent vraiment à l'administration de la compagnie.


On leur a jamais refusé, mais ils n'avaient jamais rien demandé, le conseil de l'ARAMCO ne comprenait que les représentants des quatre compagnies américaines fondatrices, jusqu'à ce qu'il rentre le Sheikh abbas xxx , très lié au roi, il a été le premier membre arabe du conseil, plus tard, d'autres membres du gouvernement saoudien, sont entrés en conseil d'administration.


Notre premier pas décisif a été d'arracher cet accord de participation qui nous a réellement donné accès à l'industrie au marché pétrolier, le second a été d'obtenir droit au chapitre dans la fixation des prix du pétrole.


À ce moment là une dernière tentative a été faite avec succès au départ, pour détacher enfin un des pays producteurs de la solidarité de l'OPEP, et des négociations ont été menées à Téhéran en 1972 avec le shah et l'Iran a lâché la solidarité des producteurs en échange de très grandes concessions, non seulement sur le montant des redevances, sur le partage des bénéfices mais sur les investissements massifs, à la fois dans l'industrie pétrolière iranienne et dans l'infrastructure générale du développement économique du pays, cet abandon de l'Iran de la solidarité des pays producteurs du pétrole, a été une des causes pour lesquels on a laissé Khomeiny faire la révolution que vous connaissez.


Cette tragédie est encore loin, mais c'est un véritable séisme économique qui en 1973 va secouer le monde au terme des 10 années difficiles où le cartel, défaite après défaite, a vu s'effriter sa toute puissance.


1973 c'est l'année noire où se produit que l'histoire baptisera : le premier choc pétrolier, ce sont les surprenants dessous de cette catastrophe que vous dévoilera notre prochaine émission.



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